bloavez mad, se

Bonne année ouais ! Bon, on est le 3 janvier, il est 22h et quelque. Derrière nous les effusions, les deux bises que j'te claque en jouant l'optimiste...

Je voudrais dire ce que j'ai sur le coeur. J'ai le sentiment que passé les 45 ans et pour peu qu'on cherche à se reconvertir, eh bien on est classé senior, bon à la casse en somme, invité à faire des boulots genre AVS avec des indemnités à 800 euros (vous appelez ça un salaire ?) ou aide à domicile à 700 (moins les frais de route hyper mal remboursés et les notes de kiné car ton dos casse vite...).

Le plus con c'est de voir comment tourne ce milieu bretonnant ou "brittophone", là où je me suis pris tant de portes dans la tronche, même si c'est là que mon parcours aurait pu logiquement me mener après 17 ans de fonction publique. Dans ce petit milieu fermé où j'évolue fatalement à la marge je constate tous les jours un peu plus qu'on est contraint et forcé de tourner le dos à une civilisation multi-séculaire, à des parlers riches de leurs couleurs, nuances et variétés... pour verser dans le jeunisme et la médiocratie et continuer bon an mal an de promouvoir une pseudo-langue hyper-unifiée et vide de substance, mauvais calque d'un français lui-même appauvri. Demandez donc aux anciens et dépositaires légitimes de la langue réelle ce qu'ils pensent du breton de la télé et de la radio tiens (euh, skinwel ha skingomz qu'on dit mar plij). A l'exception d'un ou deux animateurs qui trouvent grâce à leurs yeux ils vous donneront à scruter l'abime qui existe entre la réalité et la comm'. J'en connais même qui ont renoncé à lire "spered ar vro", la page du jeudi du télégramme pondue (c'est un euphémisme) par Jil Pennec.

J'ai aussi l'impression que beaucoup le savent bien mais se taisent, par intérêt, qui pour cultiver le réseau, qui pour ne pas tarir la pompe aux subventions, qui enfin pour huiler tuyaux et pistons...

Alors cette année c'est décidé je vais prendre du recul, me remettre à écrire hors-blog, et en français aussi (merci les amis de me le rappeler à chaque fois...). Je ne vais plus me laisser pourrir la vie par l'envie insatisfaite d'intégrer un milieu qui ne veut pas de moi. Car si je pratique le breton c'est foncièrement pour rendre hommage à mon grand-père du Grouanec qui ne parlait pas français, sa langue ne sera jamais à ranger dans le volapuk d'une nation bretonne chimérique. Bloavez mad deoc'h oll, fur ha foll, yec'hed ha prospelité !